mercredi 28 mai 2014

#MUSIC // ODEZENNE // la musique adoucit les moeurs //

Al, Jaco, Merlin et Priska composent le crew d’ODEZENNE
Un peu calmée depuis dimanche soir, j'avoue.
un peu choquée en réalité, comme après un accident.
Figée dans une sorte d'immobilisme, le temps de rassembler tous mes esprits et de réagir.
Réagir avec un son, des artistes qui écrivent, déclament, chantent avec un air faussement grave, toujours décalé et jamais premier degré.
O D E Z E N N E
Originaires de Paris et Bordeaux, ODEZENNE n'est jamais passé par les circuits traditionnels de la production musicale. Ils créent même sur internet un concept participatif: odezenne à la demande. Le but étant d'imposer la programmation de leurs concerts dans des grandes villes grâce à la création d'évènements facebook ouverts. Lille, Marseille, Toulouse, Montpellier ou Lyon font partis des villes où l'idée fonctionne. Entre slam, rap, chanson française, effet screw et électro ODEZENNE brouille les pistes. Tout le temps, comme des mutants.
"En réalité, on n’a pas “choisi” l’indépendance. On s’est auto-organisé par la force des choses car les labels qu’on est allés voir à nos débuts nous ont toujours dit que les disques étaient trop spé, pas assez comme ceci ou je ne sais quels arguments. Finalement, ils se plantaient puisque, avec nos moyens réduits, on a vendu près de 14 000 disques, avec un distributeur qui fait des petites mises en bacs de 400 CD, et qu’on est désormais programmés aux Vieilles Charrues, aux Eurockéennes, qu’on prépare un Olympia pour 2015.."
Cette façon de sortir de la route principale, de faire autrement, de faire comme bon nous semble, d'y croire aussi, je pense que c'est là que se nichent les alternatives et les ressources.
Dans leur dernier album (OVNI), ils font leur Appel du 18 juin.
Le sens du discours de De Gaulle est bien toujours là. Ils changent par exemple « armée française » par « industrie musicale », « gouvernement » par « dictature », « combat » par « création » et ainsi de suite…Ils démontrent ainsi deux choses : que ce texte est remarquable, et que la résistance s’applique à n’importe quelle forme de domination.
ODEZENNE vient de sortir un nouvel EP intitulé Rien
Ils font la tournée des festivals cet été, collent eux-mêmes les affiches de leurs concerts, se sont arrêtés de bosser pour devenir intermittents, font des aller-retour entre Paris, Berlin et Bordeaux, ont crée leur propre label, Universeul, ne se reversent pas de royalties (qui servent donc pour acheter du matériel, financer de l’affichage et de la promotion). Ils sont en constante évolution. Et farouchement indépendants.
Et  nous, sommes nous encore capable de muter?
collectivement?
--> leur site odezenne.com (il est top)
--> un chouette podcast, l'émission "dans les oreilles de" (Isadora Dartial, sur radio Nova)
--> un interview tout chaud via les INROCKS
--> et un plus ancien, mais sans détours, là!

vendredi 16 mai 2014

VIGNETTE ARTISTIQUE #3 LAURENT PERNOT, FRENCH MAGICAL ARTIST



Laurent Pernot, Le cerveau est plus vaste que le ciel, Commande publique, 1% Artistique, inaugurée le 17 janvier 2014, collège Lou Blazer, Montbéliard.Copyright Laurent Pernot

 


Laurent Pernot, Natures Mortes, Vase céramique, bouquet de fleurs, résines, givre et neige artificielles, 2013 Copyright Laurent Pernot

 
Envie de douceur, d'une sorte d'apaisement après cette semaine dure, violente, sanglante.
il y a bien sur la découverte, incroyable et tellement tardive de Camille Lepage, 26 ans, morte sur le terrain, photojournaliste en Centre-Afrique.
Il y a la découverte de Boko Haram, groupe sunnite pour la prédication et le djihad qui signifie littéralement "L'éducation occidentale est un péché".
Il y a encore et toujours les insultes à l'encontre de la ministre, Me Christiane Taubira. Je suis allée faire un tour sur sa page Facebook et les commentaires que j'ai pu y lire me laissent sans voix. Sans voix aussi de voir qu'elle devient depuis des mois le bouc-émissaire de la droite.
 
La haine est sur le pas de notre porte. Le racisme est donc totalement décomplexé. C'est si simple, si tentant de céder à la peur de l'autre, de l'étranger, de ce qui diffère.
 
Donc, depuis quelques jours, je pense à LAURENT PERNOT.
 
Un artiste que j'ai rencontré il y a quelques années et avec qui j'ai eu la chance de travailler.
Un artiste qui arrive à poser un silence dans une salle de 25 collégiens, a priori indisciplinés, à priori incapables de se concentrer, à priori. Laurent, lui arrive à  maintenir une attention totale, pendant deux heures. Voire même, ils en redemandent.
Un artiste qui a cette capacité à vous transporter, à vous emmener, à vous proposer un autre chemin: un artiste magicien.
 
Laurent Pernot est un jeune artiste, de celui que vous avez envie d'avoir comme ami. Parce qu'il écoute, parce qu'il s'intéresse, et que ses œuvres vous proposent à chaque fois une histoire que vous souhaitez qu'il vous raconte dans le creux de l'oreille.
Laurent Pernot manie la vidéo et la lumière comme personne. Ses installations sont comme des poésies en trois dimensions et jouent avec le romantisme (un peu), la science-fiction (beaucoup), les souvenirs (un peu aussi) et une apparente douceur.
 
Mais surtout Laurent Pernot est un caméléon, il n'a pas peur, il se glisse dans une classe, dans un collège, auprès de jeunes et de moins jeunes et engendre cet apaisement général nécessaire pour apprécier une œuvre d'art.

--> Son site
--> sa galerie ici

lundi 12 mai 2014

Billet d’humeur // QUE VAIS-JE FAIRE DE TOUTE CETTE LIBERTE ?

 
Afsin Ghaffarrian (DR)
 
Les femmes de plus en plus impliquées dans la vie politique iranienne – Credits: Reuters
 
 
La question n’est pas de moi ,mais d’un danseur et chorégraphe iranien, AFSIN GHAFFARIAN.
Elle fait écho à une question posée ici : "que sommes nous censés encaisser au nom du divertissement ? ".
Et à ce clip, réalisé par quatre iraniens, qui, eux aussi, comme des milliers d’autres personnes, ont voulu faire leur version d’HAPPY de Pharell Williams.
Leur vidéo m’a donné des frissons, leur courage surtout. En Iran, certains « divertissements » sont tout simplement interdits:  "en République islamique d'Iran, il est tout simplement interdit d’écouter une telle musique, encore plus de danser dessus en public, sous peine de se voir infliger une salve de coups de fouet" (source ).
 
 
 
Quand est-ce que le divertissement (un clip, une chanson, une série) devient un acte politique ? Artistique ? Où se trouve la frontière ?
Je me suis rendue compte, que parfois, j’oublie. J'oublie le risque.
J’oublie qu’ailleurs, la femme, le corps, la sexualité, le plaisir, et les artistes qui l’expriment sont purement et simplement interdits. Sans discussion possible, pas d’alternative, aucune. Ils risquent la mort ou l'exil. Tout simplement.
 
Je me divertis et j’oublie. Pas beaucoup hein, mais juste un petit peu.
Donc, les artistes sont là, pour me rappeler, me déranger, m’interroger.
C’est vrai que souvent l’art contemporain déplaît.
Il ne divertit pas.
Il questionne et se pose J U S T E  L A, à cet instant précis dans ta vie, ton histoire, ton ressenti, ta culture.
Et toi qui es-tu ? Que ressens-tu ? Que vis-tu aujourd’hui ? Que vas-tu faire de demain ?
Que vas-tu faire de toute cette liberté, justement?
 
 
En faisant des recherches pour ce billet, je suis tombée sur ce danseur, dont les mots et le parcours font écho, bien évidemment.
** AFSIN GHAFFARIAN **
« En Iran, le corps est un péché. Il touche, il jouit, il danse : tout ce qui est défendu ! Danser est interdit ; danser quand même est une protestation ».
Afshin Ghaffarian est danseur. Il a dû fuir son pays, l’Iran, pour pouvoir s’exprimer et protester librement à travers son art. Réfugié en France depuis octobre 2009, il travaille aujourd’hui au Centre national de la danse, à Pantin. Il a 21 ans quand, passionnés de danse contemporaine, lui et quelques amis créent une troupe clandestine underground à Téhéran. A l’abri des regards. Car en Iran, cette danse est interdite depuis la Révolution islamique. En juin 2009, après avoir été capturé, emprisonné puis maltraité par la police pro-gouvernementale iranienne pour s’être opposé au régime, il est finalement relâché. Et quitte l’Iran pour l’Allemagne, puis la France.
 
--> , sa compagnie de danse
--> ici, un très bel interview
--> et là, le podcast de l'émission "Venus d'ailleurs" de France Inter
 Petit rappel de la condition de la femme en Iran, (selon les organisations de défense des droits de l’homme), les femmes sont encore victimes de nombreuses discriminations dans la loi et dans la pratique:notamment en matière de mariage, de divorce et d’héritage. Une femme ne peut quitter le pays seule sans la permission écrite d’un membre masculin de sa famille et, selon la loi islamique en vigueur dans le pays, le témoignage d’une femme devant un tribunal équivaut à la moitié de celui d’un homme.